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Historique coloration naturelle

Le Henné pour Cheveux

coloration naturelleDéjà depuis l’Antiquité, des colorants capillaires élaborés à partir de végétaux étaient utilisés.

Leur conception artisanale a permis d’exploiter un grand nombre de ressources issues du corps des plantes, de leurs racines ou de leurs pétales, mais aussi de l’écorce ou des fruits des arbres, des légumes, etc.

Ces mélanges élaborés de manière empirique étaient  tenus plus au moins secret comme de vielles recettes de cuisine. On y mélangeait plusieurs végétaux entre eux pour associer leur pourvoir couvrant ou pour varier les reflets. Pour accentuer la tenue, on jouait sur les temps de pause et sur la répétition des applications, mais très vite furent associés des compléments de sels métallique qui permirent l’oxydation du cheveu et par conséquent de faire pénétrer les substances colorantes à l’intérieur de la fibre capillaire.

De nos jours, encouragés par certains fabricants, nous redécouvrons les bienfaits des colorants végétaux. Ci- dessous, nous nous attacherons à la présentation d’un des plus représentatifs : le henné.

 

 

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Le Henné, qu’est-ce que c’est ?

Le henné (lawsonia inermis), est une plante et pousse sous la forme d’un gros buisson ou d’un arbuste et se trouve sous les climats chauds et secs. Le henné est  un arbuste poussant dans le désert. Les fermiers des régions arides le font pousser pour protéger leurs installations des conditions arides et l’argent du henné les aide à conserver leurs fermes et nourrir leurs familles lorsqu’ils sont victimes de la sécheresse.

En Égypte, on a retrouvé des preuves de l’existence du henné et de son utilisation régulière comme teinture pour cheveux datant de cinq mille ans ; il en va de même à Jéricho où les traces sont vieilles de huit mille ans. Le henné servait à maintenir la chevelure en bonne santé ainsi qu’à masquer les cheveux gris.

Henné,lawsonia inermis

Henné,lawsonia inermis

Les hennés « noir », « neutre », « blond » ou « châtain » n’existent pas, de même que n’importe quelle autre couleur y étant associée ; la teinte naturelle de la molécule du henné, la lawsonia inermis, est rouge orangé. Vous pouvez obtenir ces autres couleurs en utilisant du henné avec deux autres plantes

Le mot henné est d’origine sémitique et se rapporte à la tendresse. Dans certaines régions de l’Inde où il est très utilisé, il est aussi appelé Mehandi.
Son usage pour parer les femmes remonte à 9 000 ans et dans environ 60 pays

. Dans la région orientale de la Méditerranée et en Egypte, les Juifs et les premiers Chrétiens se servaient du henné pour orner les mains des femmes. Les Musulmans l’ont ensuite intégré dans leurs traditions et ont répandu son usage avec l’expansion de l’islam jusqu’en Espagne où il y était cultivé et utilisé par les Juifs, les Chrétiens et les Maures du 9ème siècle jusqu’à l’Inquisition espagnole. Le henné est également apparu très tôt en Inde où il est toujours employé par les Musulmans et les Hindous.

Sur les cheveux, l’effet peut être surprenant selon la couleur naturelle de la personne. Le henné donne de beaux reflets ou change complètement la couleur, tout dépend des éléments ajoutés à la pâte qui sera appliquée pendant une ou deux heures. Le tanin qu’il contient renforce le cheveu le rendant ainsi plus beau. En plus de son effet colorant, il possède une action antipelliculaire et antiséborréique.

Ses propriétés médicinales sont dues entre autres au tanin. Le henné peut être pris par voie orale sans effets indésirables connus. Il est utilisé dans de nombreux cas pour ses propriétés astringente, antiseptique et cicatrisante. Sous forme de cataplasme, il permet de traiter ou diminuer l’eczéma, les mycoses, les furoncles, les abcès, les panaris, les gerçures, les inflammations, les douleurs d’entorses ou de fractures

 

Feuilles de Henné

Feuilles de Henné

Les feuilles de henné sont récoltées, séchées et pulvérisées. Mélangé à un liquide légèrement acide, le henné donne à la peau, aux cheveux et aux ongles une couleur rouge orangé.

Molécule de coloration du henné

Molécule de coloration du henné

Le henné à haute teneur de coloration, soit 5% de la récolte, est également pulvérisé et passé au tamis, mais de façon plus délicate. Il est utilisé pour dessiner des motifs : pratique courante lors des grandes occasions en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Asie du Sud. On l’appelle henné « qualité art corporel ». Le henné qualité art corporel est excellent pour les cheveux ; la finesse avec laquelle il est réduit en poudre et tamisé permet un meilleur rinçage et une teinte plus riche.

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 Le henné  de qualité est utilisé pour réaliser des motifs rouge marron sur les mains et les ongles, ils sont considérés comme esthétiques et porte-bonheur.

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                                          Carte indiquant les lieux de culture et d’utilisation traditionnel du henné.

Le henné a toujours poussé aux endroits indiqués sur la carte ci-dessus. Il est utilisé et apprécié par les femmes qui vivent dans ces zones, et ceci depuis des milliers d’années. La plante ne pousse ni en Europe ni sur le continent Américain, où il n’a jamais été fréquemment utilisé.

Bien qu’il soit présent dans beaucoup de pays, le henné ne donne qu’une seule et unique couleur qui se décline elle-même en plusieurs teintes selon les climats et terrains où on la cultive. Certains plants ont une teneur en coloration plus élevée que les autres ; ils proviennent souvent de climats plus chauds et arides.

 

Chapitre 2 : Qu’est-ce que le henné recomposé, pourquoi existe-t-il des produits appelés henné de différentes couleurs ?

Les colorations de henné disponibles dans le commerce se déclinent en plusieurs couleurs telles que : noir, châtain, blond, etc, et ne sont que des hennés recomposés. Les fabricants utilisent du henné de mauvaise qualité et, pour créer toute une palette de couleurs, y ajoutent des sels de métaux toxiques, des colorants, des ingrédients divers, y compris une substance chimique appelée la para-phenylenediamine. Ils causent également des réactions assez désastreuses sur les cheveux s’ils sont mis en contact avec des colorations synthétiques. Le composant le plus utilisé est l’acétate de plomb, mais on a pu aussi trouver des sels de nitrate d’argent, de cuivre, de cobalt, de bismuth et de fer. Les colorations contenant de l’acétate de plomb couvrent la longueur du cheveu et y déposent un mélange de sulfure de plomb et d’oxyde de plomb. Lorsque la rumeur dit que le henné contient du « métal », du « plomb », qu’il « étouffe les cheveux » et les « rend cassants », c’est qu’il s’agit d’un henné mélangé regorgeant de substances toxiques.

Il est dangereux d’associer les mélanges chimiques utilisés pour les décolorations, les colorations longue durée et les permanentes avec les sels de métaux contenus dans les hennés recomposés. Les résultats sont dévastateurs : cheveux verts, violets, ou complètement cassés et détruits à la racine. Le henné  de qualité ne contient pas de métaux, de plomb et « n’étouffe pas les cheveux ». Les molécules contenues dans le henné de qualité pur, vont plus en profondeur et se lient à la kératine du cheveu pour le rendre plus épais, solide et soyeux.

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f Chapitre 3 : Petite histoire du henné et de la coloration des cheveux en Occident.

L’existence de hennés recomposés de couleur « noire », « rouge » et « neutre » n’est due qu’au mystère et à la confusion qui jalonnent l’histoire du henné. De temps et temps, quand les relations d’échanges le permettaient et que le commerce allait bon train entre l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Europe, le henné faisait partie de ces biens échangés. Le climat étant trop froid en Europe pour cultiver le henné et l’indigo, leur utilité en tant que soins colorants pour cheveux était inconnue. Il y a peu de temps encore, la majeure partie des exportations de henné en Occident provenait de plantes cultivées en Égypte.

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Une célèbre diva soprano de l’époque Victorienne, Madame Adelina Patti, beauté mondaine et reconnue à travers le monde, teint ses cheveux châtains au henné à la fin du 19ème siècle. On la cite souvent comme étant à l’origine de l’entrée du henné dans le monde de la mode européenne ; les femmes de l’époque admiraient ses longs cheveux auburn et s’empressaient de suivre son exemple. En 1900, elle devint la diva la plus célèbre de son temps et la deuxième femme la plus connue en Grande Bretagne, après la Reine Victoria. Les hommes menaçaient de mettre fin à leurs jours si Mme Patti ne les prenait pas comme amants. Les femmes l’enviaient et voulaient absolument imiter sa façon de vivre : richesse, beauté, célébrité, exotisme, romantisme, adoration, et tout ceci, avec une chevelure teinte au henné !

Faute de pouvoir acheter le « exotique » de cette grande dame, elles pouvaient au moins se procurer le henné. Arrivée au somment de sa carrière et lorsque ses cheveux auraient dû commencer à grisonner, elle continua à les teindre, gardant ainsi une chevelure à la mode : longue, épaisse, en bonne santé et d’un rouge foncé.

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                                 Les cheveux teints au henné sont devenus un symbole de sexualité orientale et exotique.

À la fin de l’époque Victorienne et au début de l’époque Edwardienne, les femmes laissaient pousser leurs cheveux très longs et les coiffaient en différents types de chignons très chics : lâches, tressés ou très élaborés. Beaucoup d’entre elles utilisaient le henné pour masquer les mèches grises et conserver brillance et santé capillaire.

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                                                                  Le henné a contribué à la mode des cheveux longs et épais.

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                                    Les toutes premières colorations américaines pour cheveux contenant des produits douteux.

Au début du 20ème siècle, les américaines voulurent commencer à se teindre les cheveux mais le henné restait un produit exotique et peu importé.. Elles essayèrent alors d’autres produits chimiques comme les nouvelles colorations à base de goudron utilisées par les industries du textile et de la fourrure. L’une d’entre elles, découverte et synthétisée à cette époque, s’appelle la para- phenylenediamine.

Ces teintures se révélèrent efficaces mais potentiellement mortelles. En février 1928, un médecin rédigea un article intitulé « Dois-je teindre mes cheveux ? » qui fit la une du magazine « Good Housekeeping » («La Parfaite Ménagère»). Cet article dénombrait tous les empoisonnements toxiques dus aux colorations contenant du para-phenylenediamine utilisées par les coiffeurs dans la ville de New York.

Le médecin affirmait sans détours que le henné était la seule coloration efficace et sans danger.

La ville de New York vota un amendement qui s’ajouta aux Lois d’Hygiène et de Santé Publique en 1926 : il interdisait l’utilisation de produits chimiques toxiques dans les cosmétiques et dans les teintures pour cheveux. Cette loi eu peu d’impact ; les femmes voulaient absolument changer de couleur de cheveux.

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                                                                                             Shampooing au henné datant de 1929.

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                          Dessin égyptien ancien sur un paquet de la compagnie Vivaudou,New York début du 20 ème siècle      

Au cours des années 20 et 30, les hennés pur et recoupés, l’indigo, le cassia et d’autres produits chimiques (henné rouge, noir, et neutre) monopolisèrent tellement le marché des colorations capillaires que toutes finirent par être appelées henné. Du « henné blanc » fut même vendu ; n’ayant rien à voir avec la lawsonia inermis, c’était en fait une poudre minérale alcaline devant être mélangée à du peroxyde pour donner aux cheveux une couleur blond platine pur à la « Jean Harlow ».

                                   17 Produit capillaires de 1920 : le « précieux Rezolium magique » et le « Henné Blanc ».

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                                                                        Lucille Ball teint ses cheveux blonds en roux grâce au henné.

Lucille Ball et d’autres starlettes hollywoodiennes se teignaient les cheveux au henné pur lorsqu’elles pouvaient s’en procurer. Le henné était importé d’Égypte vers les États-Unis car il n’était pas cultivé sur les continents Américains (sauf dans quelques endroits des Caraïbes où il poussait grâce à la main d’œuvre indienne immigrée). L’offre en henné aux États-Unis était peu abondante et peu fiable et de ce fait, l’approvisionnement tomba en désuétude.

La « Food and Drug Administration1 » (ou FDA), les fabricants de produits chimiques, ainsi que les médecins étaient bien conscients du fait que les colorations à base de para-phenylenediamine peuvent entraîner de graves réactions allergiques, voire même la mort, mais les gens s’obstinèrent à les utiliser.

À la fin des années 30, la FDA(Équivalent américain de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire, au Ministère de la Santé.) et ces fabricants décrétèrent que si les doses de para-phenylenediamine (PPD) utilisées étaient restreintes à 6%, il n’y aurait pas besoin de mettre en place un étiquetage de mise en garde sur les conditionnements, les fabricants se protégeaient ainsi des poursuites judiciaires en cas de préjudices. Cette mesure permit de résoudre un problème urgent : celui des personnes ayant souffert de conséquences graves à cause des colorations. Elle eut cependant un effet négatif car toutes allergies et effets secondaires provoqués étaient omis : sensibilités accrues à de multiples composants chimiques, asthme, perte de cheveux, lésions cutanées, conséquences graves en cas d’interactions avec de nombreux autres produits.

La restriction des dosages de PPD n’empêche en aucun cas les risques auxquels sont exposés les clients et les esthéticiens ! Beaucoup de ces derniers développent des allergies tellement graves au PPD qu’ils sont obligés d’arrêter leur activité et doivent vivre d’autre chose. Selon certaines études (non financées par les laboratoires cosmétiques), 45% des personnes dans les métiers de la cosmétologie sont très sensibles à ce composé et sont plus vulnérables aux cancers que le reste de la population.

Beaucoup de médecins conseillent à leurs patients fragiles et prédisposés au cancer d’arrêter d’utiliser les teintures chimiques pour cheveux, recommandation également donnée par les obstétriciens aux femmes enceintes. Ainsi, les avantages du henné furent oubliés au profit de produits synthétiques aux résultats plus prévisibles, moins chers, rapportant plus économiquement parlant et dont les risques sanitaires furent ignorés.

Le henné demeure la coloration préférée en Afrique du Nord, au Moyen et Proche Orient et dans l’Asie du Sud bien que certains préfèrent utiliser les colorations synthétiques car ils pensent que « ce qui est moderne doit être meilleur ». D’autres restent partisans du henné car il est le symbole d’une histoire, d’un héritage culturel et a la réputation de rendre les cheveux beaux et sains.

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                                                                                       Henné venant du Soudan et d’Inde.

 

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